Des mots lourds de sens.
Il restait calme, d'accord, alors je m'efforçais de rester calme aussi. Mais sa façon de se donner des grands airs me mettait vraiment hors de moi, et tandis qu'il parlait, ma colère enflait de plus en plus dans ma poitrine, et l'envie de lui arracher la tête était plus forte que jamais. Il était tellement ridicule. Essayant de se donner un peu de contenance, continuant de mentir même devant ma seule présence. Un menteur et rien de plus, ce sale Venceslas. Et moi qui avait été assez naïve pour croire que j'aurais pu faire de lui un allié ... Je n'avais pas besoin de cette langue de vipère dans mes rangs. Tant qu'à devoir endurer ce sale égoïste, je préfèrais de loin faire cavalière seule.
Enfin, lorsque Venceslas eut finit de débitter son petit discours, j'étais rouge de colère.
- Oh, tu veux dormir, très cher Empereur ? N'y compte pas. Je suis loin d'en avoir finit avec toi, sifflais-je.
Je me levai à mon tour et allai à sa rencontre, sans la moindre once de crainte. Je contournai le lit et m'arrêtai devant lui, fière et courroucée. Nous étions face à face, bien droits l'un devant l'autre, et nous nous fusillions du regard.
- Ne fais pas l'innocent. Tu sais aussi bien que moi que je suis déjà parfaitement remise de mon agression. Je ne me rappelle peut-être pas de tout, mais je suis fort capable de m'occuper de mon Empire. Si tu étais vraiment aussi respectable que tu le prétends, alors tu m'aiderais à recouvrir la mémoire au lieu de m'enfermer toute la journée dans notre chambre. Quel hypocrite ! Tu te dissimules dans ton excuse habituelle de '' j'entretiens-mon-image-de-petit-Empereur-parfait '', alors que dans le fond, tu ne fais tout ça que pour te venger de moi et réparer le petit bobo à ton orgueil, comme un pauvre gamin de trois ans.
Je pris une petite pause, histoire de rassembler mes idées.
- Et arrête donc de jouer la pauvre victime, repris-je avec haine et mépris. Tu es le seul à blâmer pour ta fatigue. C'est toi qui m'empêches de gouverner avec toi et qui met tout le travail sur tes épaules. Et puis si je fais une si mauvaise Impératrice, eh bien ma foi, c'est ta faute. Tu n'avais qu'à ne pas m'épouser et puis c'est tout ! Maintenant arrête de faire ton supérieur, tu n'as aucune idée de ce dont je suis capable. Je n'ai pas peur de toi, Venceslas. Et tu ne pourras pas me retenir encore bien longtemps. Quoi que tu en penses, je suis parfaitement apte à diriger cet Empire, et ce n'est pas toi qui en décidera le contraire. Tu n'as pas à me dire ce que j'ai à faire. Je suis bel et bien une femme et je suis ton égale, rentre-toi ça dans ton crâne bourru ! Redescends sur terre, imbécile. Tu n'es qu'un être humain vulnérable et arrogant, qui a vécu un peu trop longtemps dans l'illusion de la tout-puissance, cest tout. Au fond, tu n'es rien. Juste un petit disciple de Keblin comme tous les autres. Tu te donnes bien trop d'importance. C'est tout simplement risible.
Voilà, j'avais dis tout ce que j'avais sur le coeur, et j'étais fière, fière de mon audace. Je regardais toujours mon époux droit dans les yeux, sans sciller. Je n'avais pas peur de lui, et c'était vrai. Que pouvait-il me faire ? J'étais forte, moi aussi. Je savais me battre.
- Là, je suis calmée, dis-je avec un sourire ironique.